Une affiche

Le 14ème jour du 4ème mois


Mes très chers frères et très chères sœurs,


Nous allons réunir demain soir et nous nous serons amenés à donner notre avis sur la gouvernance de notre église et notamment sur l’opportunité de continuer de désigner par nous-même l’évêque de Hurlevent. Au regard de la gestion de notre église par nos trois derniers dirigeants et de leur bilan, on peut en effet s’interroger sur la pertinence de nos choix et sur l’intérêt de mener dans le futur un conclave, une élection « démocratique », au sein de notre institution.


Bugli, notre premier évêque, subissant presque quotidiennement le harcèlement de racistes n’acceptant pas qu’un nain dirige notre église, n’a tenu que deux mois (nous savons tous que la maladie de sa femme n’a été que la goutte d’eau qui a fait déborder le vase). Sœur Archipiade s’est empressée de prendre sa succession et reprit la direction de l’église qu’elle avait été contrainte d’abandonnée après sa défaite au conclave. Car oui, nous ne devons pas oublier que c’est bien elle qui, en tant que Diacre de Farthing puis diacre d’Arthur, gérait les affaires du diocèse depuis de nombreuses années. Notre Sœur, reprenant donc ce qu’elle a toujours considéré comme son bien, a pu mettre en œuvre son programme empreint de compassion et de tolérance (comme nos alliés Ren’dorei ont pu le constater), mener ses croisades sur les terres des veilleurs, et inviter un chancelier écarlate à venir célébrer un mariage dans notre cathédrale. Après sa disparition, notre frère Eudes a repris la tête du diocèse avec l’appui de notre Frère Carter (alors diacre de Hurlevent). On aurait pu s’attendre à ce qu’il demande la tenue d’un nouveau conclave, comme l’avait exigé en son temps son ami Portebière, mais sans doute avait-il déjà trop patienté pour cela. Il a instauré une réforme lui donnant un pouvoir presque aussi important que celui d’un Archevêque, placé ses « pions » à tous les postes clefs de notre église et écarté, de manière plus ou moins discrète, ses opposants. A-t-il commis les crimes dont il est accusé ? Ce sera à la commission d’enquête de le déterminer, mais ce qui est certain en revanche c’est que sa soif de pouvoir a fait presque autant de mal à notre église que l’ont fait Farthing et Benedictus.


Le bilan de tout cela n’est pas des plus brillants en effet. Mais je pose la question. Doit-on pour autant jeter à la poubelle un processus démocratique parce que ceux que nous avons choisi (ou pas) pour nous diriger n’ont pas été à la hauteur de leur mission ? Ou préférez-vous qu’on vous impose un chef ? Car ne vous y trompez pas, ceux qui prônent aujourd’hui la destruction de nos institutions et n’ont d’autre but que de mettre la main sur notre église pour la diriger.


De fait, quel que soit la décision que nous prendrons demain soir, notre église aura toujours des chefs. Tous ici que nous sommes avons des chefs. Nous serons toujours sous les ordres d’un Archevêque, d’un Évêque, d’une Grande Prêtresse, d’un Diacre ou d’un chef d’ordre religieux. En tant que citoyens du Royaume, nous suivons les décisions de notre Roi (même quand il s’agit d’accepter des chevaliers de la mort comme alliés), nous nous soumettons à la justice de la Chancellerie et de la Chancelière Farral, nous respectons les lois et le code des délits de la garde de Hurlevent.


Voulez-vous ne plus avoir votre mot à dire sur celui ou celle qui dirigera notre église ? Personnellement, je préférais pouvoir continuer de choisir mon ou mes dirigeants plutôt que de me les voir imposés. Et dans cet esprit je vous proposerai demain (car je suis une personne de constructive) un nouveau projet de gouvernance de notre église.


En attentant, je vous laisse méditez cette phrase d’un gros gnome fumant le cigare dont j’ai oublié le nom : « La démocratie est le pire des régimes - à l'exception de tous les autres déjà essayés dans le passé »


Que la Lumière vous rappelle les trois vertus, et notamment la première.


Sœur Telyshka