Missive de la direction de l'Abbaye d'Albâtre à la Grande Prêtresse Rémar

Sarisse Langeais, directrice
Abbaye d'Albâtre
Place Faol, 4
Hurlevent

A l'attention de la Grande Prêtresse Malicia Rémar
Cathédrale de la Lumière
Place Faol
Hurlevent

Ma Soeur,

Je souhaite par la présente attirer votre attention sur le récent cas "Carneiro".

Récemment, notre Frère, Aurius le Pur, a transmis par l'intermédiaire du Frère Fièrecoeur, une lettre de soutien à l'un de nos patients, Mr Esteban Carneiro.

Sachant que vous avez accès à l'ensemble de nos dossiers, il m'apparait évident que vous avez dû constater l'édition récente de plusieurs rapports de soins à son nom. Je suppose qu'il vous a semblé pertinent que cette information parvienne à d'autres Frères et Soeurs, notamment Aurius le Pur.

Pour rappel et résumé, cette lettre a été rédigée afin de prendre des nouvelles de notre patient, lui signaler que l'Abbaye d'Albâtre et l'Eglise s'inquiétaient pour lui et restaient à sa disposition, et l'encourager à redoubler de prudence vis à vis de ces fréquentations.
Il a également été question de lui offrir un ankh, qu'il a refusé.

Nous avons été forcés de constater qu'elle a suscité l'indignation du destinataire. Il est admis qu'il n'a pas intégralement compris le sens de ce courrier, et a notamment considéré que nous nous permettions de le juger, sans connaître sa situation personnelle. Ses dossiers médicaux et convocations à la Garde - qui soit dit en passant ne regardent pas l'Abbaye d'Albâtre - ont été maladroitement évoqués auprès de Mr Carneiro, qui estimait comprendre avoir abusé de nos services et de notre temps.

Je comprends parfaitement les intentions de l'expéditeur, l'Eglise ayant à coeur que chacun et chacune mène une vie saine, mais je me dois également de vous rappeler que certaines de ses ouailles sont susceptibles, et à même de se retourner contre les mains qui veulent les protéger (Eglise comme Etat royal). L'anarchisme ou, au mieux, le mépris ou la méfiance envers l'Officiel, temporel ou spirituel, sont devenus une habitude bien hurleventoise.

Mr Carneiro a donc décidé de nous ignorer suite à cette affaire, et son mécontentement m'a été rapporté (ainsi qu'à ma compagne, Isabella) par l'une de ses amies le 16 de ce mois. Je me suis alors entretenue avec le Frère Aurius (et Sœur Katnyss) le soir même, où j'ai pu prendre connaissance des intentions susmentionnées. Le lendemain, Isabella, le Dr Kaliros, le Frère Fièrecoeur, Sœur Katnyss et moi-même nous sommes entretenus avec l'intéressé, en privé, afin de clarifier La situation. Son mécontentement, cependant, est resté intact.

Je me suis à nouveau entretenue avec lui le lendemain, en soirée, afin de savoir s'il comptait poursuivre son traitement hebdomadaire. Il m'a confirmé à nouveau son intention de ne plus être suivi médicalement par notre dispensaire, et m'a rappelé ses raisons.

Vous comprendrez donc que c'est suite à cette dernière conversation que je vous contacte. Je crains en premier lieu que, s'il est incontrôlé de sa part, son indignation puisse trouver quelques échos. Les nouvelles circulant vite, il serait particulièrement dommage que les anticléricaux de tout bord soient heureux d'avoir à nouveau du grain à moudre. Je me suis toutefois permise de le calmer et le rassurer, affirmant que certaines critiques seraient soulevées en interne.



L'Abbaye d'Albâtre est fille de l'Eglise de la Sainte Lumière, et lui restera fidèle. En respect de ce lien, et souhaitant m'assurer que notre confiance mutuelle soit préservée, je souhaite donc relever trois points afin de tirer leçon de cette affaire a priori anecdotique :

•    Il n'est pas anormal, à mes yeux, que le haut-clergé, soucieux du bien-être de la population depuis des siècles, continue à accéder aux rapports de soins des nos patients. J'ai parfaitement confiance en votre capacité de de juger s'il est de bon ton, ou non, de transférer certaines données. La discrétion restant toutefois de mise au sujet de la santé d'un individu, j'apprécierais d'être tenue informée, en tant que Directrice, du partage de telles informations. Cela afin de vous conseiller au mieux, connaissant mon personnel et notre travail quotidien, pour certaines de vos démarches.

•    L'Eglise de la Sainte lumière supervise l'Abbaye d'Albâtre, et il est donc normal qu'Elle ou ses mandataires parlent en notre nom. Il me paraitrait cependant opportun, en tant que Directrice, d'être tenue informée de toute volonté d'associer notre parole à celle de l'Eglise ou d'une/plusieurs de ses dépendances, ainsi que des sujets de ces communications. Pour revenir sur le cas Carneiro, je n'étais nullement au courant que notre Frère communiquerait également au nom de l'Abbaye. De plus, je dois admettre que la partie portant sur les fréquentations de notre patient fut rédigée avec légère maladresse. Il m'aurait semblé utile de donner mon opinion à ce sujet, ou que vous m'ordonniez de communiquer directement avec notre patient à tel ou tel sujet.

•    Je dois comprendre que notre méthode de rédaction de rapports de soins, et donc de mise à jour des dossiers médicaux est à corriger urgemment tant elle a suscité votre inquiétude au sujet de Mr Carneiro. Son nom est en effet apparu plusieurs fois en peu de temps, alors qu'il n'a véritablement requis de soins que pour deux cas médicaux. Certains rapports ne concernaient, de fait, que des suivis de ces deux cas. Je propose donc qu'à compter de ce jour, il soit indiqué plus clairement sur un rapport de soins s'il s'agit d'un nouveau cas médical ou s'il s'agit d'un suivi.
J'ai conscience que cette longue missive pourrait susciter votre mécontentement, et je tiens d'avance à m'en excuser. J'ose toutefois espérer que vous comprendrez mes intentions, et me tiens en tous les cas à votre entière disposition.



Je vous remercie d'avance pour l'intérêt que vous porterez à la présente, et vous renouvelle mon engagement à servir l'Eglise et la Communauté au mieux.

Veuillez agréer, Ma Sœur, l'expression de mes considérations les plus distinguées.


Respect, Ténacité, Compassion.

Directrice Sarisse Langeais.